Le cinéma du Vietnam est une expression culturelle qui a émergé au cours des dernières décennies, avec une croissance rapide et une diversification des genres et styles. Depuis les premières tentatives d'une génération de cinéastes dans les années 1970, le cinéma vietnamien a connué une évolution marquée, influencée par les mouvements culturels et politiques de son pays. Aujourd'hui, le cinéma du Vietnam est reconnu par son réalisme, son sens de l'humour noir, et son engagement social.
Le début du cinéma vietnamien
Les premières tentatives de cinéastes vietnamiens remontent aux années 1950 et 1960, lorsque quelques films documentaires et courts-métrages ont été réalisés. C'était une période de transition politique et culturelle, avec l'indépendance du Vietnam en 1954 et la guerre du Vietnam (1955-1975). Les films étaient souvent utilisé pour propagande et pour transmettre les messages politiques du gouvernement.
Cette période est marquée par des films tels que "L'Étranger" (1962) de Trinh Cong San, qui est considéré comme le premier film d'art vietnamien. Ce film, qui traite de la vie d'un étranger en Vietnam, est un précurseur du réalisme et de la sensibilité humaine que l'on retrouve dans le cinéma vietnamien moderne.
L'émergence du cinéma indépendant
Après la chute du gouvernement du Vietnam du Nord en 1975, le cinéma a connué une nouvelle phase d'essor. Les restrictions politiques ont été levées et les cinéastes ont commencé à exprimer leurs propres idées et perspectives. C'est à cette époque que le cinéma indépendant vietnamien a pris son essor, avec des films qui abordent les thèmes de la guerre, de la réconciliation, de la société et de la culture vietnamienne.
Les films indépendants sont souvent réalisés avec peu de moyens et de ressources, mais avec beaucoup d'énergie et d'imagination. Ils sont souvent inspirés par les expériences personnelles des cinéastes eux-mêmes et par leurs observations de la vie quotidienne au Vietnam. Par exemple, "Trois Mètres Sous Terre" (1994) de Chen Ho-Sui est un film qui a été tourné dans les tunnels souterrains où les combattants se cachaient pendant la guerre du Vietnam. Ce film a été acclamé à la fois en Vietnam et à l'international pour son réalisme et son sensibilité.
Le réalisme et l'humour noir
Le réalisme est un élément central dans le cinéma vietnamien. Les films sont souvent inspirés par les expériences de la vie quotidienne des personnes ordinaires, avec leurs joies et leurs peines. Le réalisme est aussi utilisé pour critiquer les injustices sociales et politiques. Le réalisme est souvent associé à l'humour noir, qui est utilisé pour exprimer le sarcasme et la critique sans être trop direct.
Un exemple de ce style est "Le Bazar du printemps" (2003) de Rithy Panh. Ce film est basé sur l'histoire vraie d'une famille qui vend des souvenirs à un marché après la chute du gouvernement du Vietnam du Nord. Le film montre les difficultés et les joies de la vie après la guerre, avec une touche d'humour noir qui rend le film plus abordable et plus critique.
L'engagement social et politique
Le cinéma vietnamien est aussi reconnu pour son engagement social et politique. Les films sont souvent utilisés pour critiquer les injustices sociales, politiques et économiques. Ils sont aussi utilisés pour promouvoir les droits des personnes marginalisées et les causes sociales importantes.
Par exemple, "La Femme d'en face" (2016) de Nguyen Quang Huy est un film qui porte sur la lutte d'une femme contre l'oppression dans une communauté rural vietnamienne. Le film montre les effets de la pauvreté, de l'ignorance et de la violence sur les femmes et les enfants. Le film a été acclamé pour son réalisme et son engagement social.
L'influence des autres cultures
Le cinéma vietnamien n'est pas seulement influencé par ses propres traditions culturelles, mais aussi par les cultures étrangères, en particulier les cultures asiatiques voisines. Les influences japonaises, coréennes et chinoises sont visibles dans le style de narration, le cinéma d'action et le design visuel des films vietnamiens.
Par exemple, "The Raid" (2011) de Gareth Evans est un film d'action qui a eu beaucoup d'influence sur le cinéma d'action vietnamien. Les films vietnamiens d'action sont maintenant plus dynamiques et plus spectaculaires, avec des scènes d'action inspirées par ce film japonais.
La place du cinéma au Vietnam aujourd'hui
Aujourd'hui, le cinéma du Vietnam est reconnu internationalement pour son réalisme, son sens de l'humour noir et son engagement social. Les films sont plus accessibles aux spectateurs vietnamiens grâce à la diffusion sur les plateformes numériques et à la croissance du secteur du cinéma commercial. De plus, le gouvernement du Vietnam a investi dans le développement du cinéma indépendant en créant des programmes de soutien financier et en organisant des festivals de cinéma indépendant à l'international.
Le cinéma du Vietnam continue d'évoluer et d'innover, avec des nouveaux talents émergents et des nouveaux styles de narration. Il reste une expression culturelle importante du pays, qui révèle les aspects les plus profonds de la vie quotidienne des Vietnamiens et leurs luttes contre les injustices sociales et politiques.